Extrait 1 : C'est la fête pour tout le monde... ou presque !

Je danse. Moi, Annaëlle Lorrit, la trop sage étudiante en littérature du Moyen-Âge, je me trémousse à en perdre haleine. La DJ nous met de la techno hardcore plein les oreilles et je me déhanche sans retenue, sur le rythme rapide et entêtant des percussions.

Les yeux obstinément fermés, j’oublie. Je m’oublie. Exit la pression des examens, des parents, de la société. Il n’y a plus que moi et ces sonorités hypnotisantes. Un sourire se
dessine sur mes lèvres : on est bien loin de la musique classique et de l’atmosphère compassée qui a présidé à mon passage dans les rangs des adultes,
dimanche dernier…

Oups ! Une sensation de vertige m’oblige à ouvrir les paupières.
Par réflexe, je jette un œil alentour : tous tournés vers la scène, personne ne fait attention à moi, dans la pénombre et les éclairs des spotlights. La jeunesse dorée de la région fête la fin des examens, avec l’outrance requise. Certains sont littéralement en transe, sous l’emprise d’ecstasy
sans doute. Ou pire encore…

J’ai soif, j’ai besoin d’air, d’un peu de fraîcheur. Je n’aurais pas dû garder ma veste, le cuir tient chaud… Je me faufile entre les corps. L’alcool, même si je n’en ai pas abusé, m’a désinhibée quelque peu. Je me vois déjà les quatre fers en l’air, devenue la risée de l’assemblée ! Non, non… Surtout pas ça ! La discrétion, c’est ma drogue à moi. Ma progression vers le buffet se termine avec une sensation bizarre. Comme l’impression d’être observée… Le temps de récupérer un verre de punch auprès de la seule barmaid féminine, je fais volte-face vers la salle.

Guillaume d’Hermont-Clair, le fils du propriétaire des lieux et organisateur de la soirée, me déshabille du regard, sans vergogne ! Je ne l’aime pas et c’est un euphémisme. Les femmes sont, pour lui, des trophées à conquérir. La
panique me gagne lorsqu’il se décide à s’avancer vers moi, sûr de lui. Ma vision périphérique cherche une échappatoire, tout en reposant mon verre, auquel je n’ai pas touché. J’ai besoin de toutes mes capacités pour fuir ce prédateur ! Sortir est une mauvaise idée : la foule autour de nous l’empêchera d’aller trop loin. Son sourire arrogant se fige quand l’une de ses conquêtes se met en travers de son chemin. Contrarié, il essaie de la contourner mais une nuée de « jeunes filles en fleurs » l’encercle sans lui demander son avis et l’entraîne vers la piste. C’est à celle qui se frottera le plus indécemment contre son torse viril !

Et cette question stupide qui tourne dans ma tête : mais qu’est-ce que je fais ici ?

Je le veux !